JOURNEE SCIENTIFIQUE : A propos de l’épaule

Cette journée scientifique de l’Amisek a eu lieu le 30 novembre 2013.

Nous vous présentons quelques résumés de la journée.

 

EPAULE GELEE – CAPSULITE RETRACTILE.
Madame Marion Hossey – Kinésithérapeute

Manipulations sous bloc cervico-brachial.
Maladie fibrosante avec un tableau clinique et une évolution bien caractéristique.
La manipulation a pour objectif de retrouver la mobilité de l’épaule.
Elle est lente et progressive afin de garder une innocuité à la méthode.
La rééducation permet de garder la mobilité retrouvée, d’harmoniser la mobilité de la scapulo-humérale, de la gléno-humérale et de réintégrer dans la vie de tous les jours.

 

CONCEPT SOHIER ET PRISE EN CHARGE DE LA LESION DE LA COIFFE NON OPEREE
Mr Thomas De Meur – Kinésithérapeute
Maître-assistant HEPH Condorcet-Catégorie Paramédicale-Charleroi
tdemeur@hotmail.com
www.kineduc.be

L’originalité de la Kinésithérapie Analytique est de revendiquer, pour chaque geste posé, un effet au niveau cellulaire et de le justifier.
La tâche du praticien est de lier l’action thérapeutique à une compréhension approfondie de la pathologie et des mécanismes en jeu dans sa genèse. Dans le cas des lésions de la coiffe non opérées, nous mettons en évidence le rôle décisif de la cinématique articulaire, dont la qualité détermine l’homéostasie tissulaire, ce qui est aussi valable pour toutes les articulations.
Sohier décrit pour l’épaule trois troubles positionnels de la tête humérale par rapport à la surface glènoïde de la scapula.
Des tests spécifiques permettent de les explorer et d’évaluer le traitement.
Précisons à nouveau que les troubles positionnels conduisent à la pathologie en altérant la cinématique articulaire.
Le premier trouble positionnel est le décentrage supérieur de la tête humérale. Il est lié à la prédominance fonctionnelle des muscles à composante ascensionnelle de la tête humérale (deltoïde, court biceps, coraco-brachial, long triceps).
Le second trouble positionnel est le décentrage antérieur de la tête humérale. Il est dû à la prédominance fonctionnelle de la musculature antérieure et de la gestuelle courante.
Le troisième est baptisé « décentrage en rétroversion ». Il s’agit d’un trouble positionnel rotatoire de la tête humérale, lié à la prédominance des muscles rotateurs médiaux de la scapulo-humérale.
Ces trois décentrages sont mis en évidence par un examen clinique précis, par une palpation raisonnée, et par la réalisation de tests originaux de mobilité (examen de la barrière motrice).
Lorsque des décentrages sont objectivés, nous appliquons les techniques développées par Sohier, des mobilisations articulaires visant à résoudre le trouble positionnel de la tête humérale.
Pourquoi le muscle supra-épineux est-il si fréquemment atteint dans les lésions de coiffe ?
D’abord, la clinique montre que les lésions de la coiffe sont associées à un décentrage supérieur de la tête humérale.
Lorsque le décentrage supérieur existe, le muscle supra-épineux reste en contracture, et son insertion latérale subit une tension constante.
Le recentrage lève à l’instant la contracture du muscle, et abolit la tension constante de l’insertion tendineuse. Il libère aussi l’espace sub-acromial.
Une seconde hypothèse porte sur les sollicitations mécaniques de la structure tendineuse.
Le muscle supra-épineux réalise en moyenne fonctionnelle plus de contractions concentriques/isométriques que de contractions excentriques.
La mise en tension permanente du tendon perturbe le trophisme tissulaire local, perturbe la micro-vascularisation, favorise l’inflammation et des altérations du type tendinite ou calcification.
Au déséquilibre mécanique articulaire vient s’ajouter l’action de la gravité, qui contribue indirectement à l’ascension de la tête humérale, et à la contraction/contracture du muscle supra-épineux.
Nous trouvons là une justification au traitement des tendinites par les exercices de type excentrique (protocole de Stanish).
L’objectif est de rétablir un équilibre entre sollicitations concentriques et excentriques, et induire un meilleur trophisme tissulaire.
Notre approche propose en cas de lésion du tendon supra-épineux, une correction manuelle du décentrage supérieur, associée à une phase de mise en décharge (écharpe).

 

L’ÉPAULE TRAUMATIQUE DU SPORTIF : APPROCHE DIAGNOSTIQUE
Docteur Jean-Michel Annaert – 43, rue de l’Elan 1170 Bruxelles
Consultant au Service de Médecine du sport de l’ULB
Consultant au CHU Saint-Pierre

Les traumatismes de l’épaule en pratique sportive sont extrêmement variés et débouchent sur de nombreuses possibilités lésionnelles.
Certaines de ces pathologies sont de diagnostics aisés (luxation gléno-humérale antérieure, fracture déplacée de la clavicule, luxation acromio-claviculaire, fracture de l’extrémité supérieure de l’humérus,…) mais d’autres nécessitent une approche soigneuse afin de ne pas les méconnaître. Ce sont les fractures mineures du trochiter, du trochin, de la coracoïde, certaines lésions de la coiffe des rotateurs ou de la longue portion du biceps brachial, certaines atteintes neurologiques voire les très rares luxations gléno-humérales postérieures ou les luxations rétrosternales de la clavicule.
Seul un bilan clinique rigoureux, méthodique, suivi d’une imagerie sélectionnée et bien orientée permettent alors d’arriver au diagnostic correct, préambule indispensable d’un traitement efficace.

 

L’EXAMEN CLINIQUE DE L’ÉPAULE.
Dr OGER Pascal

L’examen clinique de l’épaule comme pour tout examen clinique doit toujours débuter par un interrogatoire minutieux. L’anamnèse est un temps indispensable pour comprendre l’origine des problèmes du patient. Il est clair qu’il faut se rappeler que la pathologie de l’épaule ne sera absolument pas du tout la même en fonction de l’âge du patient et/ou de son type d’activité sportive. Certaines activités sportives ont leur pathologie propre et spécifique comme le volley-ball ou le bowling… Si il y a eu un accident, comme par exemple une chute en ski, il y a lieu de connaître les suites immédiates de l’accident ou les suites retardées.  Il n’est de fait pas rare de voir des patients consulter un ou deux mois après une chute en ski. Il faudra également interroger le patient quant à savoir s’il présente des douleurs nocturnes, par exemple, ou d’autres symptomatologies associées. La description de la topographie de la douleur par le patient est également extrêmement importante à déchiffrer : * les douleurs à topographie postérieure de l’épaule sont souvent d’origine neurologique * les douleurs à topographie cervicotrapézienne ont très souvent une origine acromio-claviculaire * les lésions de la coiffe des rotateurs ont une topographie régionale plutôt antéro-externe. Il ne faut pas négliger non plus l’importance des phénomènes d’instabilité ou de pseudo-instabilité qui peuvent être ressentis par le patient. L’examen clinique à proprement parler devra être réalisé de manière très programmée en n’omettant pas d’examiner la colonne cervicale à la recherche de douleurs irradiées vers l’épaule surtout en cas de topographie postérieure. Un examen neurologique des membres supérieurs peut s’avérer utile. L’examen clinique devra être symétrique en examinant donc les deux épaules en même temps et en comparant les mobilités de l’articulation gléno-humérale et de l’articulation scapulo-thoracique de chaque épaule. Ce temps sera important pour l’évaluation d’une éventuelle capsulite rétractile dont on sait que le diagnostic est avant tout clinique. La symétrie de l’abduction, de l’élévation antérieure, de la rotation externe et de la rotation interne doit donc être évaluée pour chaque épaule. Il faudra également être attentif à toute mobilité anormale : signe de Codman (lésion de la coiffe des rotateurs), arc douloureux, décollement de l’omoplate … Un examen spécifique de la coiffe des rotateurs devra ensuite être réalisé en étudiant chaque tendon séparément par des tests précis.  Le test de JOBE est certainement le plus important. On attachera également de l’importance à étudier l’articulation acromio-claviculaire et l’éventuelle laxité gléno-humérale. L’inspection des ecchymoses et des déformations de l’épaule est également très importante surtout en post-traumatique immédiat. La palpation nous donnera également des indications de souffrances lésionnelles : l’articulation acromio-claviculaire peut être assez spécifique à ce point de vue. C’est au terme d’un interrogatoire et d’un examen clinique bien orientés et bien précis que la prise en charge du patient pourra être effectuée de manière optimale et que les examens complémentaires pourront être prescrits de manière rationnelle.  L’examen clinique et l’anamnèse priment donc dans toute démarche thérapeutique pour le patient. L’imagerie médicale doit donc toujours être évaluée dans le contexte clinique du patient.  Rappelons-nous ainsi l’étude du Dr Jean-Louis Brasseur démontrant clairement que des patients de la soixantaine jouent au tennis sans aucune symptomatologie douloureuse de l’épaule mais avec la démonstration échographique réelle de lésion de la coiffe des rotateurs.

 

RE-ATHLETISATION DE LA LUXATION GLENO-HUMERALE ANTERO-INFERIEURE
Etienne TYS – Kinésithérapeute

La période de ré-athlétisation se place à la fin de la phase médicale du traitement en cabinet. Elle permet de restaurer les conditions de mobilité, de proprioception, de force, nécessaires à la reprise de la compétition. La stabilité de l’articulation gléno-humérale est assurée par la pression intra-articulaire négative, le complexe labro-capsulo-ligamentaire et par la participation active des haubans musculaires. Il convient de bien évaluer le rôle de chaque muscle dans une situation articulaire critique : si la stabilité articulaire est compromise en abduction-rotation externe, faut-il pour autant résumer la rééducation musculaire au renforcement des adducteurs et rotateurs internes ? La réponse est, bien sûr, plus complexe. La coiffe des rotateurs assure un rôle prépondérant dans la stabilisation gléno-humérale. La vigilance et l’action des muscles de la coiffe assurent la coaptation articulaire. De plus, leur rôle mécanique est d’ajuster en permanence le « centrage » de la tête en tout point des mouvements de l’articulation. D’emblée, dès les premières semaines de revalidation, le rééducateur veillera à développer des exercices proprioceptifs et de renforcement de la coiffe. Ce travail sera poursuivi lors de la phase de réathlétisation. Le travail des rotateurs externes retiendra notre attention par sa complexité. La contraction des rotateurs externes attire la tête humérale postérieurement. Le travail s’effectuera en RE1 (coude au corps) et RE2 (bras en abduction à 90°). Pour être efficaces, les rotateurs externes doivent bénéficier d’une omoplate stable et non sagittalisée. Aussi, le travail des rotateurs externes doit impérativement être mené de front avec la perception proprioceptive et le renforcement des adducteurs et des stabilisateurs de l’omoplate. Malgré l’action subluxante de certains d’entre eux (pectoralis major par ex.) en abduction 90°-rotation externe, la musculation des haubans thoraco-huméraux sera exécutée en portant l’accent sur la perception du freinage excentrique. Le travail de coiffe et des haubans thoraco-huméraux répondra aux registres concentriques et excentriques et se réalisera à des vitesses articulaires croissantes, principalement en excentrique, sans perdre le contrôle proprioceptif pour répondre fonctionnellement aux circonstances pathogènes. Il convient toutefois de passer impérativement par des séries à répétitions et charge croissantes, comme initiées en programmation physique générale. Nos patients relèvent de la chirurgie ou d’un traumatisme récent. Enfin, le thérapeute cherchera à transférer les bénéfices de l’entraînement vers les gestes spécifiques rencontrés lors de la pratique sportive.

L’exposé reprend, par chapitre, quelques exercices exemplaires du travail en salle. Cela ne constitue en rien une liste exhaustive des exercices disponibles. Les vidéos exposées sont téléchargeables à partir du site WETRANSFER. Pour obtenir le lien, vous pouvez m’adresser un mail entre le 2 et le 8 décembre à l’adresse etienne.tys@skynet.be.

Références :
Role of Proprioception in Pathoetiology of Shoulder Instability Jon J.P. Warner,MD*; Scott Lephart, PhD, ATC**; and Freddie H. Fu, MDf CLINICALORTHOPAEDICSAND RELATED RESEARCH Number 330,pp 35-39
Eccentric Training Boone JK, Dee AE, Gildea CP, Kavanaugh CR, Moore SD, Quinlevan ME, Reichard RL, Ronan KA, Sanchez Z, Whittington AG University of Kentucky, AT 690, Spring 2011
Pascal EDOUARD /Thèse Universitaire /ADAPTATIONS DE LA FORCE MUSCULAIRE DES MUSCLES ROTATEURS MEDIAUX ET LATERAUX DANS LA STABILISATION DYNAMIQUE DE L’ARTICULATION SCAPULO-HUMERALE. APPLICATIONS A DEUNIVERSITE JEAN MONNET – SAINT-ETIENNE Faculté de Médecine Jacques Lisfranc
The role of exercise in the conservative treatment of the anterior shoulder dislocation Journal of Bodywork and Movement Therapies (2006) 10, 211–219

 

PTE : INDICATION ET TECHNIQUE
Dr Philippe Bouté

Les prothèses totales d’épaule sont habituellement indiquées dans les pathologies dégénératives gléno-humérales (arthrose, polyarthrite, cuff tears arthropathy…) quand le traitement conservateur devient inefficace et en traumatologie dans les fractures céphalo-tubérositaires . Les prothèses sont contrindiquées en cas d’infection ou pathologie neurologique de l’épaule. Dans les pathologies dégénératives, on distingue l’omarthrose centrée et l’omarthrose excentrée. Dans le premier cas, la mise en place d’une prothèse anatomique est de rigueur si la coiffe des rotateurs est saine. Dans le cas d’omarthrose excentrée, en général sur rupture de coiffe, la prothèse inversée est indiquée. Les prothèses de resurfaçage peuvent être utilisées en cas de coiffe saine et si le capital osseux est préservé. En traumatologie, nous observons actuellement, une nette augmentation de la mise en place de prothèses inversées par rapport aux prothèses anatomiques. Le point de faiblesse des prothèses anatomiques en traumatologie est la fixation des tubérosités. Il n’y a pas de place pour les prothèses de resurfaçage en traumatologie. Les deux voies d’abord conventionnelles sont l’abord delto-pectoral pour la prothèse anatomique ou de resurfaçage et l’abord antéro-latéral trans-deltoïdien pour la prothèse inversée. La différence fondamentale entre les deux prothèses est la position du centre de rotation de l’épaule. Celui-ci est distalisé et médialisé dans la prothèse inversée, ce qui augmente le bras de levier du deltoïde. La position de la sphère glénoïdienne est dans ce cas fondamentale. La kinésithérapie post-opératoire doit tenir compte des spécificités différentes de chaque prothèse afin d’optimaliser la récupération fonctionnelle.

 

RÉÉDUCATION APRÈS RÉPARATION ARTHROSCOPIQUE DE LA COIFFE DES ROTATEURS
Mr A. Taheri

L’optimalisation des résultats de la chirurgie de la coiffe des rotateurs dépend de la qualité de la rééducation qui s’ensuit.

Il faut tenir compte de la cicatrisation qui est très lente (8 à 10 semaines) et paradoxalement de l’immobilisation prolongée qui diminue la résistance mécanique du tendon ; d’où la nécessité d’une mobilisation précoce mais douce et extrêmement prudente durant les six premières semaines.

La rupture itérative des tendons suturés peut se produire en cas de contraintes trop précoces ou d’une mauvaise cinématique du mouvement.

Durant les six premières semaines post opératoires il faut éviter :
Les tractions passives du bras vers le bas et l’adduction forcée en cas de suture du sus-épineux.
La rotation interne forcée (main dans le dos), en cas de suture du sous-épineux.
La rotation externe forcée en cas de suture du sous scapulaire.

Globalement, la rééducation compte plusieurs phases :
1JPO au21JPO : immobilisation avec attelle ; seul les mouvements pendulaires sont autorisés.
21JPO au 42JPO : immobilisation moins stricte ( selon l’acte chirurgicale) ; début de la kinésithérapie avec la mobilisation passive suivie de la mobilisation active très assistée pour devenir de moins en moins assistée à la fin de cette phase sans oublier la détente des muscles péri-scapulaires et cervicaux.
6ème semaine à la 8ème semaine : début de la sollicitation des muscles suturés ; correction du rythme scapulo-huméral.
Après la 8ème semaine : renforcement musculaire et ré-équilibration de toute la ceinture scapulaire.
Après la 12ème semaine : re-entraînement à l’effort et reprise progressive des activités sportives qui peuvent s’étendre jusqu’au 6ème mois en fonction de la discipline pratiquée.

La rééducation doit être sans douleur. L’augmentation de la douleur au delà de la première semaine post opératoire et la perte des amplitudes passives malgré une rééducation bien conduite peuvent être le signe d’une algodystrophie ou d’une capsulite rétractile.


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